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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


l’abus de la belle. Mais Le Rocher se sut si bon gré des louanges qu’il recevait que sa gloire et sa vanité éclatèrent avec excès et il fit paraître sur les rides de son front certain amour qui, pour être habillé à l’antique, n’en avait pas moins bon air. Le vaillant Poquet se trouvant piqué de ce qu’un autre recevait des applaudissements qui lui étaient dus : « Je m’étonne, dit-il à Dorimène, que votre bouche de rose prodigue ainsi des flatteries à un vieux renard dont toute la vertu consiste dans l’adresse, lorsque vous ne dites pas le moindre petit mot au véritable auteur des plaisirs que vous avez reçus.

— Eh quoi ! répartit Dorimène, ce vigoureux sexagénaire n’est-il pas le champion dont vous parlez ?

— Non, reprit Ploquet.

— Et qui donc ? ajouta Dorimène.

— Moi, poursuivit-il.

— Vous ? reprit-elle avec étonnement.

— Sans doute, ajouta-t-il, et je vous avais déjà branlée quatre coups quand il remplit indignement ma place, pendant que j’étais allé tomber de l’eau.

— Ô dieux ! s’écria-t-elle, que vous me surprenez, et que j’ai d’excuses à vous faire !

— Je ne suis pas assez heureuse, interrompit effrontément Hïante, que d’avoir eu de semblables secousses ; je suis fort trompée, si le bonhomme m’aurait donné moins ou si peu de délices que l’énervé Céladon. »