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Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/112

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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


verrons avec plaisir la grimace de celui à qui nous l’aurons donnée. »

Ce conseil fut trouvé merveilleux, et comme l’on rêvait à qui l’on en ferait présent, Céladon voulut que ce fût au Hayer, procureur du roi du lieu, homme, comme j’ai dit, indigne de la société humaine.

En attendant cette expédition, l’on secourut si bien Hïante qu’on lui rendit une partie de ses forces ; après quoi, elle se retira chez elle avec Dorimène et Marille.

Cependant Céladon, qui ne laissait guère échapper l’occasion qui se présentait de rimer, fit cet impromptu :


Sonnet.

   Femmes que le plaisir d’amour
   Tient sous sa douce loi rangées,
   Vous allez être négligées,
Si je dis le secret de ce sinistre jour.

   La tourtre qui fuit le vautour
   Par des forces bien ménagées
   Ne voit point ses plumes chargées
De l’estomac fatal de ce tyran si lourd.

   L’homme qui de vos embrassades
   Sait éviter les embuscades
S’affranchit de l’aspect de la hideuse Mort.

   Vous renfermez cette méchante ;
   Et preuve que je n’ai pas tort,
Elle vient de sortir du ventre de Hïante.