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Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/132

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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


fût, que Hïante la retrouvât. Elle qui s’aperçut que Jean n’était ainsi terrible que parce qu’il était à jeun : « Tiens, lui dit-elle, Jean, prends cet écu, va boire et nous laisse en repos… ».

— Quand je t’aurais brisé les côtes, dit-il alors, en se radoucissant, je n’en serais pas plus gras, et ce serait un sabbat éternel dans mon ménage ; il vaut donc mieux que je sorte et que j’aille


            Noyer l’excès de mon chagrin
 Dans les rubis de quelque pot de vin.


Après qu’il eut fait la place nette, Dorimène vint savoir en quel état était la triste commère, et la trouvant trop faible pour l’accompagner en prison, elle y fut toute seule :


            Mais quel fut son étonnement
            Quand elle apprit que son amant,
            Par une heureuse destinée,
            En était sorti hautement !
            Son âme fut abandonnée
      Au plus sensible et plus cruel tourment
            Qu’elle eût ressenti de l’année.


Elle monta dans sa chambre, où trouvant le solitaire Poquet. « L’ingrat a donc bien pu s’en aller sans prendre congé de moi ? lui dit-elle. Hélas ! qui l’aurait cru capable de cette infidélité, et que les jeunes gens