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Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/136

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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


moi que vous voulez que je le croie, vous n’auriez pas ainsi emporté le chat, et un tendre discours m’aurait assurée de votre ardeur, à votre sortie.

— Je vois bien, lui dit Céladon, que vous n’avez pas reçu une lettre que je vous ai envoyé par mon laquais, dans laquelle je vous marquais mon déplaisir et les raisons que j’avais de ne vous point faire la révérence. C’est pourquoi je vous dirai que, dès l’aube du jour, M. de Colbert a envoyé un de ses secrétaires me décharger, à condition que je sortirais de la ville sans m’y arrêter seulement une heure et sans parler à qui que ce soit. Il est trop grand seigneur et trop puissant en ces endroits pour lui manquer de parole, et cela a fait que j’ai passé par-dessus les suggestions de mon amour, qui voulait à toute force que je vous allasse embrasser avant de partir.

— Si cela est, je vous pardonne, répondit Amarante ; mais pour vous laver entièrement de votre crime, il faut que vous m’accordiez la grâce que je vous demanderai quand votre parole m’aura assurée de n’en être pas dédite.

— Et que voulez-vous exiger de moi ? reprit Céladon ; vous seriez autant injuste que belle si vous doutiez de mon obéissance.

— Je souhaite, acheva la coureuse, que vous me permettiez de vous suivre en l’endroit de la terre où vous avez résolu de vous retirer, ou que vous terminiez cette vie que je ne reçois de vous qu’à cette cause,