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Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/138

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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


réfléchi, reprit-elle, et pour vous témoigner que je n’ai monté à cheval que dans ce sentiment, j’ai apporté avec moi certain contrat d’une rente qui m’est tombée en partage, que nous pourrons vendre à Boisblés, qui m’en a déjà parlé ; car je puis juger, au chemin que vous tenez, que vous allez coucher à Séez ; et par ce moyen nous subviendrons aux nécessités du voyage que nous entreprendrons. Mais ne perdons point davantage de temps et marchons bon pas. »


Céladon ne pouvait exprimer son transport,
            Sa joie était trop souveraine :
            Tantôt il appelait Amarante sa reine,
Tantôt il la nommait son salutaire port,
Amarante, à son tour, reprenait la parole
            Et lui disait que ses amours
      La conduiraient de l’un à l’autre pôle,
            Sans lui donner de mauvais jours.


Ils firent bien deux lieues dans de semblables entretiens, après quoi Céladon lui ayant demandé comment elle avait pu savoir sa sortie d’Alençon, vu qu’elle s’était faite de si grand matin qu’elle devait être secrète : « Le guichetier, lui dit-elle, m’en est venu avertir, dans l’espérance d’avoir quelques testons ; car je lui promis, il y a deux jours, que lorsqu’il m’apprendrait la nouvelle de votre élargissement il ne perdrait pas sa peine. J’ai donc promptement envoyé ma servante emprunter le cheval de mon cousin de la Normanderie, et après avoir vêtu cet autre habit