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Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/156

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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


Ne te fâche point, aussi bien ne serais-tu pas le plus fort, et d’ailleurs voilà de quoi te venger : lève la chemise de cette demoiselle que tu vois habillée en garçon et lui relève la queue à la cravate[1].

— Cela est bien, répondit Louis en souriant ; mais notre rôt brûle, il faut se dépêcher. » Alors Louis embrassa Amarante, qui avait les yeux fichés sur Céladon pour voir s’il approuverait qu’elle l’imitât. Lequel l’apercevant : « Il n’y a pas de danger, lui dit-il, et vous devez vous souvenir des conseils que vous avez tantôt donnés à la cavale de votre cousin. » Si bien qu’elle ne se fit pas traîner et qu’elle fut secouée tout son saoul. Nos hôtes se connaissaient alors trop bien pour ne pas boire ensemble ; c’est pourquoi Céladon voulut que Louis et sa femme vinssent souper avec eux. Ils lui obéirent, avec bien des remercîments de l’honneur qu’ils recevaient, et nos quatre personnes firent une débauche si entière qu’ils s’enivrèrent tout de bon, excepté toutefois l’objet des vœux d’Amarante, qui buvait le vin comme les petits enfants font le lait.

Il y a peu de gens qui ne sachent pas par expérience que Bacchus est un grand babillard : il révèle les secrets les plus cachés et se trahit soi-même quand il n’a point d’autres sujets de causer. Ainsi Céladon eut le plaisir d’entendre des choses fort divertissantes, et principalement lorsque, après avoir écouté l’histoire

  1. À la croate.