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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


faire courir après lui, au dépens de jouer de son reste. Cela fit qu’il se recoucha, afin de prendre un peu de repos.

Le lendemain matin, ils partirent, mais avant de se jeter dans les arçons, Amarante ayant considéré que sa bête était triste : « Je vois bien, lui dit-elle, que j’ai mal prophétisé et que tu n’as reçu aucun soulagement à tes peines ; la langueur de tes yeux m’informe assez de ce que tu me dirais si tu pouvais articuler la voix. Mon Dieu ! poursuivit-elle, en s’adressant à Louis, mon Dieu ! mon hôte, vous qui l’avez si beau et si fertile, si vous lui en vouliez faire une soupe au cul, que je vous serais obligée ! Je n’aurai point de repos le long du chemin, et elle ne fera que broncher si vous ne la graissez un peu. »

— Notre-Dame ! Mademoiselle Amarante, répondit le rustaut, que vous êtes dévergondée ! Si vous êtes si pitoyable, vous n’avez qu’à passer votre main sur votre grand ; je m’assure que vous y trouverez encore assez de moelle de c.....lon pour en seringuer la nature de votre bonne amie. Mais sans vous inquiéter de la sorte, songez que si les chevaux vont comme des éclairs lorsque leurs maîtres ont haussé le coude, voire cavale ne doit pas manquer de marcher bien à l’aise, puisque vous avez reçu de moi jusqu’à regorge-museau le baume que vous dites qui lui serait si nécessaire.

Cette réponse sembla meilleure à Céladon que le