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Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/162

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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


souffririez mille morts pour une, et ce fer ne vous fera point languir. Il accompagna ces paroles d’un éclat de rire, qui fit assez connaître à sa désespérée le peu de cas qu’il faisait de son action. Elle qui avait pensé que son transport ridicule fléchirait l’âme de son fouteur, se trouvant abusée : « Ma foi, vous êtes un grand fou, lui dit-elle, si vous avez follement cru que je veuille sacrifier ma vie à votre divertissement ; non, la colère fait mal, et je n’ai pas oublié que


            La joie est bonne à quelque chose,
            Et le chagrin n’est bon à rien.


Ce que j’en ai fait n’a été que pour me moquer de vous.

— J’en suis bien aise, reprit Céladon, et les plus courtes folies sont les meilleures. Ne nous fâchons point, si nous pouvons, et excusons mutuellement nos petits défauts.

Quelque temps après, ils arrivèrent à Paris, où, après avoir mis pied à terre dans la Vallée de Misère, dans un cabaret où pend pour enseigne Notre-Dame de Boulogne, Céladon prit sa garce par la main et la mena chez La Serre. Ils entrèrent dans une chambre fort richement meublée, où cette vieille maquerelle les reçut magnifiquement. Un peu après Amarante ayant eu envie de visiter le cabinet secret y fut conduite par une sous-putain du bordel et cependant Céladon prit