Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

176
L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


parents, qui connaissaient son intention volage et libertine, furent bien aises de s’en décharger entre les bras de ce docteur, et même consentirent que ce mariage s’accomplit dans peu de jours. Cette nouvelle ne donna pas une petite joie à Lupanie, et elle en eut l’âme si satisfaite qu’elle en instruisit Cléandre par une lettre conçue en ces termes :

LUPANIE À CLÉANDRE

« Schelicon me doit épouser bientôt. Mais, juste ciel ! que nous sommes peu raisonnables quand nous nous engageons à faire quelque chose. Je tremble, mon cher, que vous ne vous souveniez de ce que je vous ai promis. Je vous avoue ingénument que, si j’étais assez malheureuse que de vous voir sur le soir, dans ma chambre, me sommer de la promesse que je vous ai faite, je suis si rigoureuse à tenir ma parole que je vous accorderais sans doute ce à quoi je me suis obligée. N’y venez donc point, je vous en conjure, et je vous en aurai l’obligation que je vous en doit avoir.

« Lupanie. »

Cléandre comprit le sens de cette lettre et jugea bien que sa maîtresse voulait ce même soir couronner son amour. Si bien que, sans s’arrêter à faire réponse, il attendit, avec l’impatience qu’un amant aussi passionné que lui pouvait avoir, que la nuit fût venue,