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Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/236

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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


            Elle a les yeux d’une truie,
            Ce sont les plus petits d’ici,
            Elle doit les avoir ainsi,
            Puisqu’elle mène une pareille vie.

            Son nez passerait au besoin,
            S’il pouvait sentir de plus loin
            Ce qui regarde sa conduite ;
      Quand on le voit, on ne prend pas la fuite,
            Mais on le prend à témoin
Du malheureux état où son âme est réduite.

            Elle a des couleurs sur les joues
            Qui représentent le printemps ;
            Ce sont les dangereuses roues
            De tous les criminels du temps.

Je méprise son sein, je le trouve mal fait ;
Il ne consiste plus, son enflure est mollette,
            Il distille la gouttelette,
C’est un bien de ménage où l’on puise à souhait ;
C’est pourquoi le marquis du Grand-Pérou la traite
            Comme on traite une vache à lait.

            Son bras est aussi blanc que rond,
            C’est une espèce de merveille,
            Et le cœur ne va que par bond
      Quand l’œil en voit la beauté nonpareille.
            La comtesse n’ignore pas
            La richesse de cet appas,
Elle ne doute point qu’il ne soit sans reproche ;
La friande voudrait que tout ce qui l’approche
            Fût de même que son bras.