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Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/243

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LE ZOMBI DU GRAND-PÉROU


En effet, la comtesse prononça ces pitoyables et dernières paroles en soupirant fortement et en me faisant connaître que les brusqueries du marquis lui étaient plus supportables que son absence. C’est pourquoi, après l’avoir regardée d’un air dédaigneux : « C’est Dieu, lui dis-je, qui donne à l’homme une femme sage, mais je crois que c’est l’Esprit de malice qui vous a donné au marquis du Grand-Pérou ; la femme sage bâtit et élève sa maison, et vous, qui êtes insensée, vous détruisez non seulement la vôtre, mais vous faites chanceler celle de votre voisin sur ses fondements. Vous aimez sans raison un homme qui serait fou de vous aimer ; vous êtes mariée et vous voulez qu’il vous épouse ; vous lui donnez de l’ombrage et vous ne voulez pas qu’il en prenne ; il passe par-dessus vos faiblesses et vous ne sauriez souffrir les siennes ; enfin vous le chassez de chez vous et vous ne voulez pas qu’il vous obéisse. — Non, acheva-t-elle, et si vous me tenez parole, vous le renverrez dans mes bras ; vous en savez les moyens, j’en suis pleinement convaincue, et je vous en demande la grâce. »

            Alors ses beaux yeux se changèrent
            En deux vives sources de pleurs,
            Qui sur son visage coulèrent,
Et j’en vis inonder les plus brillantes fleurs.
Ces fidèles témoins de ses fortes douleurs,
            À la vérité, me touchèrent,