Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

250
L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


Qu’encor que sa maison ne soit qu’un méchant trou
Où l’on ne peut entrer sans se mettre à genou
      Et recevoir la goutte qui distille,
            Je m’y plaisais mieux qu’au Pérou.

Je n’avais pas fait encore dix pas pour me retirer qu’elle me rappela afin de me dire qu’elle se sentait assez de résolution pour envisager sans frayeur celui des esprits malins qui était le ministre ordinaire de mes volontés et le secrétaire de mes commandements, et que je lui donnasse cette satisfaction. J’avoue que tout mon sang-froid ne fut capable de m’empêcher d’éclater à cette extravagance ; mais cette violente joie ne me dura pas et je lui promis sérieusement que je lui ferais sentir l’haleine de celui qu’elle disait. Cela ne la satisfaisait point ; néanmoins je lui réitérai tant de fois que c’en était assez pour le premier essai et que ces sortes d’objets ne se laissaient voir que partie à partie ceux qui n’étaient encore que novices dans la profession, qu’enfin je m’en séparai sans autre engagement de parole.

            Je fus surpris de sa témérité,
Son âme m’apparut dans sa difformité
            À cette prière nouvelle ;
            Car, pour dire la vérité,
      Cette pensée est si fort criminelle
Qu’elle ne marche guère avec impunité.
            La panthère la plus cruelle
            Ne va pas se précipiter ;