Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

254
L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS

« Madame, lui dit-il, Monsieur est revenu de la Grande-Terre, et il m’envoie vous dire que vous ne manquiez pas à venir encore cette nuit faire le Zombi au Grand-Pérou, de traiter son économe comme vous avez traité son sucrier ; il vous en défie, vous et tous ceux qui se mêlent de vous donner de bons avis. »

Nous n’attendions pas le marquis si tôt, et son arrivée nous surprit tous également ; la parole nous manquait au besoin, et l’engagé s’en serait allé sans réponse, quand, jetant des yeux instructifs sur la comtesse, je lui fis concevoir sur-le-champ la réponse qu’elle avait à faire ; et comme elle est facile à émouvoir et qu’elle espérait beaucoup de ma protection : « Jules, dit-elle à l’engagé du marquis, dis à ton maître qu’il n’a rien à me commander, et que si la fantaisie d’aller au Grand-Pérou me prend, ce ne sera pas sur son économe que le Zombi fera son devoir ; et qu’il ne se donne pas plus de hardiesse qu’il n’en a. »

            Bien qu’elle craignît son retour,
            Elle faisait la valeureuse,
            La perdrix menaçait l’autour.
            La femelle artificieuse
            Est-ce un précipice profond
            Dont on ne saurait voir le fond,
Qui pleure dans son cœur quand on la croit joyeuse
            Et rit en faisant la pleureuse.