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Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/285

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LE ZOMBI DU GRAND-PÉROU


leurs différentes qu’un caméléon. Mon péché me faisait peur quand j’envisageais le ciel, mais je le trouvais si beau quand je regardais la terre que même je ne doutais point que les hommes ne m’en dussent avoir beaucoup d’obligation et qu’ils ne pussent, sans ingratitude, refuser leurs louanges à cette victoire amoureuse et des myrtes à mon front. C’est de cette façon que le péché nous bouche les yeux et qu’il nous ôte l’usage de la raison ; car enfin, quoi que le mortel puisse faire,

            Il ne peut trouver de sagesse
            Ni de conseil contre son Dieu ;
Son vain raisonnement n’est que pure faiblesse,
            Il voit son enfer en tout lieu.
            L’homme est si rempli de ténèbres,
Depuis le premier jour que le cruel serpent
            Sur son fragile cœur répand
Le miel empoisonné de ses conseils funèbres ;
            Il est tant, dans ses actions,
            Possédé par ses passions
            Que cet aveugle de naissance,
            Sans pouvoir sortir de l’enfance,
Tombe cent fois le jour dans la fosse aux lions.

Voilà comme je passais le pinceau sur l’ouvrage de mes mauvaises œuvres et comme je soupirais de douleurs sur ma facilité à me laisser aller aux délices de la chair. Mais ces bons mouvements ne firent que