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Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/287

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LE ZOMBI DU GRAND-PÉROU


            Le doux passe-pied de Bretagne,
            Avec le charmant flageolet,
            Sous le feuillage de Cocagne,
            Avec le maître et le valet.

Ces belles pensées, dont le ciel me punit justement, me servirent d’entretien jusqu’aux Trois-Rivières. J’y mis pied à terre chez Cadot, et ce bon garçon n’oublia rien de sa civilité naturelle pour me recevoir agréablement. Nous soupâmes tête à tête et avec autant de tranquillité et de dégagement des inquiétudes de la vie que Félix IV après son pontificat dans le château de Ripaille. Je lui donnai le divertissement du récit du Zombi du Grand-Pérou et de la folie de la comtesse de Cocagne. « Je ne trouve rien de fort criminel là-dedans, me dit-il, et vous n’êtes pas la cause des fautes que le diable fait faire à tous ceux qui le cherchent. Néanmoins je vous plains, et le mauvais état de votre fortune présente me fait craindre qu’on ne s’en serve de prétexte à vous rendre criminel et que la médisance, qui n’épargne personne, n’empoisonne l’innocence de votre volonté et ne vous rende responsable de la conduite du public. Je ne vous le cache point, continua-t-il, on dit hautement que vous êtes sorcier et qu’il n’y a rien de surprenant dont vous ne vous mêliez avec réussite. Le bruit tue, et quand on voit un chien qui se noie, personne ne lui donne du secours. — Vous avez raison, répartis-je, et loin d’être favorable à cette malheureuse bête,

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