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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


      Je m’écriai cent fois sur ce Dos-d’Âne,
Sans qu’il me dût entendre ou me pût écouter :
« Ah ! pourquoi n’es tu pas, ô cruelle montagne.
Aussi douce à descendre et facile à monter
            Que la comtesse de Cocagne ! »

Enfin, je me reposai tant de fois que je m’y évanouis d’une manière extrême. Je commençais à reprendre mes esprits quand j’aperçus à mes côtés Florimond et Nicolas Sergent, qui me secouraient avec beaucoup de charité et qui m’avaient fait revenir avec de l’eau-de-vie. Je leur en témoignai ma reconnaissance du mieux qu’il me fut possible, et Florimond, prenant la parole et me regardant pitoyablement : « Où allez-vous, pauvre homme ? me fit-il. Êtes-vous donc las de vivre, que vous prenez ainsi volontairement le chemin de la mort ? Rebroussez chemin, poursuivit-il, ou si rien ne vous peut empêcher de vouloir mourir et que votre heure soit enfin venue, retournez au moins mourir dans les bras de la comtesse de Cocagne, et n’attendez pas que le trône que l’on vous prépare à la Basse-Terre, par l’ordre de la justice, soit achevé. — Ce n’est pas une raillerie, me dit aussi Nicolas Sergent, et l’on assure que vous avez fait des choses si prodigieuses et si criminelles que je ne doute point que l’on ne vous justicie avant de faire votre procès. — En vérité, leur répondis-je sérieusement,

Je suis fort étonné de ce que vous me dites,
            Mais je crains peu pour mes vieux ans,