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Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/36

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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


senter un siège : « Non seulement, s’écria-t-il, j’accepte avec chaleur cette offrande sublime, mais aussi j’ose vous conjurer, par la grandeur de votre mérite et par les miracles de vos perfections, de m’en donner quelques témoignages, afin que je cesse de douter d’une possession où les dieux seulement ont droit d’aspirer. Je suis difficile à persuader, et je courbe tellement sous le faix de mes disgrâces, que je n’ose me figurer que mon sort me veuille laisser jouir des félicités dont vous me voulez être prodigue. Apparemment, digne et vénérable objet vers qui mon inclination se tourne entièrement, que la déité qui vous a conduite dans ces ténèbres n’a pas oublié de vous apprendre que le silence en est le seigneur, et la discrétion l’inséparable compagne. Ici les bienfaits sont ensevelis dans l’oubli aussitôt qu’ils ont reçu l’être, ou s’ils poussent des germes d’immortalité et de reconnaissance, ce n’est que dans l’esprit de l’heureux favori sur qui on les répand. Ici l’on ignore l’usage de la langue, et le secret est si fort attaché au salut de l’homme qu’on ne le saurait divulguer sans s’enfoncer le poignard dans le sein. Ainsi vous n’avez point d’obstacle légitime à opposer au contentement dont je demande que vous souteniez ma vie contre qui tant de traverses ont déployé leur insolence, et qui se rendra infailliblement à leur opiniâtreté, si vous n’en rétablissez la trame dans la douceur de vos vivifiantes caresses. »