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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


si vous ne dédaignez pas l’encens que je vous viens brûler, et que vous puissiez vous contenter de ma possession sans me connaître, je vous proteste, Céladon, de vous rendre tous les jours une visite et d’essayer à vous démêler des caprices de votre injurieux destin. Cette fidèle personne, ajouta-t-elle, en lui montrant sa compagne, est une marchande de cette ville, dont toute la boutique est à votre disposition, et qui, brûlant de posséder le bien de votre vue, m’a conjurée, sachant le dessein que j’avais, de l’amener avec moi. »


Céladon, enchanté d’une telle tendresse,
Par deux ou trois soupirs exprima son transport
 Et connut alors que son sort
Le destinait aux feux de plus d’une maîtresse.
 Il s’efforça de lui faire caresse,
Il harangua tout bas sa mourante vigueur,
 Il rappela cette bouillante ardeur
Qui souverainement régnait en sa jeunesse,
Et promit tant de bien à son fidèle cœur
  Qu’enfin il en resta vainqueur.


Amarante, c’est le nom de cette généreuse galante, de même que Marcelle est celui de la jeune marchande, Amarante, dis-je, attendait la réponse de Céladon, et voyant qu’il restait muet : « Serait-il possible, lui dit-elle, que vous fussiez insensible aux propositions que je viens de vous ouvrir ? Auriez-vous bien si peu de considération pour votre repos que d’en négliger les