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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


premier enjouement que vous voulez en vain attribuer à l’effet de quelques faibles qualités dont la nature me partagea au hasard. Confessez bien plutôt que la belle masquée vous occupe, et qu’elle seule a le droit de vous charmer. — Arrêtez, injuste et toute aimable bergère, interrompit Céladon ; ne poussez pas à bout un fugitif qui se jette de toute la puissance de son âme dans le dédale de vos perfections. Il est vrai que la masquée (car si elle est belle, je ne le puis savoir, puisque je ne l’ai pas vue), il est donc vrai, dis-je, que son port qui n’a rien de plus grand que le vôtre, et que la douceur et l’amoureuse énergie de ses discours m’ont d’abord attiré les esprits à leur contemplation, mais… — Je vous entends, interrompit à son tour la perçante Marcelle. Vous m’aimez, n’est-ce pas, et vous voulez que je croie que mon masque, en tombant de ma bouche, vous a découvert des plaisirs où vous ne serez pas fâché de donner ? Eh bien ! nous le verrons. » Céladon fut pris sans vert, et il jugea bien qu’il fallait tirer l’oiseau de la cage pour le divertissement de cette troisième curieuse ou chercher une excuse légitime à la justification de son impuissance.


   Il eut beau pousser des soupirs,
   Il ne satisfit pas Marcelle ;
   Cette friande jouvencelle
   Ne se payait point de désirs
   Et n’était pas du rang de celle
Qui ne se fait jamais baiser qu’à des zéphirs.