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Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/62

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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS

RÊVE AMOUREUX

Dans un endroit charmant, éloigné d’un grand mille
Des remparts démolis d’une orgueilleuse ville ;
Sous des arbres sacrés de la bouche des dieux,
Étant le ferme appui de la voûte des cieux,
Où règnent les zéphyrs tous les jours de l’année,
Où la sœur de Progné, du destin condamnée,
Ne trouve point la mort dans les cruelles mains
Du traître émerillon, ni des tendres humains ;
Où l’oiseau laisse au nid sa future famille,
Sans peur que le coucou la chagrine ou la pille,
Pendant que sur les fleurs moissonnant son repas,
Son petit estomac ne la réchauffe pas ;
Où sur la branche sèche, aux rayons de son zèle,
L’on entend les soupirs de l’amante fidèle,
Qui s’immolant au deuil de son défunt époux,
Dans le feu dévorant d’un généreux courroux,
Enseigne de l’amour les leçons merveilleuses
Et montre le chemin aux âmes malheureuses,
Où l’automne, l’hiver et l’été, de tout temps,
Ont immortalisé l’agréable printemps,
Dont les parfums exquis, digne excès de la flamme,
Par un charme secret savent enivrer l’âme ;
Où jadis le déluge, avec ses flots rampants,
Assisté d’Apollon, ne mit point de serpents ;
Où Jupiter, monté sur son aigle cruelle,
Ne foudroya jamais de tête criminelle,
Mais où maintes Philis ont réduit aux abois
Mille obstinés amants à révérer leurs lois ;
Où Cupidon enfin sur le cœur d’une belle
Ayant brisé sa flèche en taille une nouvelle ;