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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


Que Tantale en Pélope indignement me traite,
Que je serve d’objet aux vœux d’une soubrette,
Et pour toujours enfin me sentir de vos coups,
Qu’immortel soit le mal que je gagnai chez vous !
Je m’aperçois, Cloris, que mon courroux vous gêne ;
Vous m’aimez, je le sais, car votre âme est humaine ;
Et sans doute, à votre âge, un galant comme moi
Rehausse votre éclat quand il suit votre loi ;
Aussi, de me ravoir concevez-vous la joie ;
Votre cul, de tout temps, qui sut battre monnaie,
Seconda toujours mieux votre amoureux dessein
Que les fleurs de soucis de votre punais sein ;
Donc, au premier transport du feu qui vous consume,
Sachant que l’intérêt est le feu qui m’allume,
La bourse dans la main, pour la troisième fois,
Vous me viendrez prier d’exaucer votre voix ;
Mais autant, digne objet, que je vous semble aimable,
Autant et plus encor serai-je inexorable ;
Eussiez-vous plus gros d’or que les tours de Paris,
Et troqué vos vieux jeux contre de jeunes ris,
J’ai du ressentiment et je veux qu’il éclate.
Et puis toujours semer dans une terre ingrate,
Je n’en suis pas d’avis ; il faut voir de ses faits
Et n’être pas ainsi des causes sans effets.
Sur ce point la chronique est déjà scandaleuse ;
C’est en vain que ma pluie est grasse et copieuse ;
Que mes soins redoublés vous chatouillent le cœur,
Et que dans nos ébats je me rends le vainqueur.
Le monde, qui vous voit si grande et si bien prise,
M’en impute l’erreur et me juge à sa guise.
C’est un enfant, dit-on, dans le métier tout neuf.
Encor si vous aviez seulement fait un œuf !