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Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/76

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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


Laissez dans son cachot la Discorde étouffante,
Enfermez bien cet hydre et ne l’amenez pas
   Troubler des nonpareils ébats
   D’une flamme toute innocente ;
Faites-vous escorter, pour ce jour bienheureux,
   Des Grâces, des Ris et des Jeux,
Des Soupirs enflammés, des Hélas ! et des Chaînes
Dont la fidélité n’a rien de dangereux.
Allongez, s’il se peut, la nuit pour l’amour d’eux ;
Le nouvel an approche, et voilà leurs étrennes.
   Surtout, faites bien sentinelle,
   Que quelque faux Amphitryon,
Conduit par les attraits de cette auguste belle,
Ne se métamorphose, afin d’avoir chez elle
   Part à la douceur éternelle
Que cherchait dans la nue autrefois Ixion.
   Vous seriez, ma foi, criminelle
   De permettre cette action,
   Et j’échaufferais ma cervelle
   À peindre sur votre modèle
Des vers où vous verriez votre punition.

   Ce dieu qui sut tromper Alcmène
  Par son portrait et non par son devoir,
   Ne saurait mieux faire pleuvoir
   Que l’amant qui vit dans la chaîne
   De la chaste et divine reine
Dont les talents divers demandent à vous voir.

Charmés de la douceur qu’exhaleront leurs âmes,
Venez, petits amours, à l’entour du beau lit
   Où se doivent mêler leurs flammes,
Assister au plaisir d’un si tendre conflit.