Dorimène poussa ces mots avec tant d’émotion que Hïante, la prenant dans ses bras :
Qu’est-ce donc, hélas ! lui dit-elle ;
Mademoiselle, qu’avez-vous ?
Ah ! que pourrais-je avoir, sinon un mal si doux
Que mon cœur en souhaite une suite éternelle.
L’amour brûle mon sein, ne le connais-tu pas,
Toi qui sais si bien ses maximes
Et qui l’as si souvent produit par tes appas ?
L’amour est le moindre des crimes
Et le plus grand des plaisirs d’ici-bas.
Mais quel est de vos feux le mignon désirable ?
M’en pourriez-vous bien faire un portrait véritable ?
Pourquoi non ? puisque dans mon cœur
J’en ai l’une et l’autre couleur,
Et que mon imaginative,
Selon les lois de mon ardeur,
En garde une peinture vive ?
Tu dois savoir, en premier lieu,
Qu’il est aussi beau comme un ange,
Et s’il aime à garder le change,
Qu’il est aussi parfait qu’un dieu.
Déjà notre sexe l’adore
Et va décorer les autels
De ses attributs immortels,
Des plus riches bouquets de Flore.