Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

76
L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


mène, il fit signe à Poquet de fermer les fenêtres, afin que le peu de jour qui donnait encore ne ruinât point leur dessein.

Cependant Dorimène entra, et son amant d’un jour la fut recevoir avec tout l’extérieur d’une extrême amitié ; tenant son camarade par la main quoiqu’il fût rangé derrière lui afin d’effectuer ce qu’il s’était proposé : « Je suis ravi, dit-il, d’apprendre que vous ne m’avez pas oublié, et cette confirmation de votre amour m’est un charme indicible ; mais je suis désespéré de n’avoir ni assez d’éloquence ni assez de vertus pour vous en exprimer mon ressentiment. Je me trouve réduit à la nécessité de souhaiter de n’être pas au nombre des vivants pour ne pas recevoir tant de bienfaits de vous, ou d’être quelque puissance considérable pour en reconnaître les généreux excès. Toutefois, adorable maîtresse, ajouta-t-il, si un cœur amoureux et fidèle pouvait entrer en comparaison avec les grâces dont vous m’avez asservi, j’aurai lieu de croire que le mien ne serait pas indigne de vous être sacrifié, pour revanche de l’honneur que je reçois de l’offrande du vôtre.

— Ah ! Céladon, répondit langoureusement Dorimène, que j’ai peu fait pour vous, lorsque j’ai tant fait pour moi que de permettre à mon cœur de s’unir au vôtre, et que vous avez peu de connaissance de ce que vous valez, quand vous me parlez de la sorte ! Ah ! mon cher, poursuivit-elle, que j’ai pu facilement