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Page:L’Œuvre de P.-C. Blessebois, 1921.djvu/96

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L’ŒUVRE DE P.-CORNEILLE BLESSEBOIS


sa femme avait apporté au plus grand des plaisirs qu’il eût goûtés depuis longtemps. Il se trouvait si bien à son aise entre les bras de sa succube qu’il pensa vingt fois éclater, et je pense bien qu’il eût réduit sa ménagère aux termes de se repentir de sa curiosité, si l’accident qui arriva ne l’avait tourné en bonne humeur.

Hïante, qui bondissait par la chambre comme un chevreuil pris en un piège et qui tâchait de remettre en leur bienséance ses cotillons et sa chemise que Céladon lui avait malicieusement attachés par-dessus la tête, s’alla, par malheur, brûler le poil du c.. à la lampe qui les éclairait et fit des postures si extravagantes pour l’éteindre que toute la compagnie goûta des divertissements dignes de l’adresse de Momus.

Poquet, qui était déjà revenu, et que ce spectacle ne charmait pas médiocrement, trouva des impromptus si délicats et si fins sur cette matière risible que le déplaisir qu’il avait eu d’abord de voir sa place occupée par un autre fut en moins de rien dissipé. Mais enfin, le hasard, qui se mêle de tout, déliant les jupes de Hïante, lui servit de guide à s’en retourner chez elle avec sa pupille ; ce qui fit que nos trois amoureux quittèrent la chambre pour aller souper, ensuite de quoi ils se furent reposer de leurs travaux.

Le lendemain matin, Poquet et Céladon furent bien étonnés de voir entrer dans leur chambre deux jeunes cavaliers vêtus à la moderne d’habits tout à fait superbes et dont la garniture de l’un était verte, et