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L’ANARCHIE PASSIVE

Ainsi, nous voyons que la vie sociale humaine a commencé, comme la vie sociale du règne animal, par être un moyen de défense mutuelle, par être un moyen d’action mutuelle et qu’ensuite elle s’est transformée aussi en un milieu social, ayant pour but un contrôle mutuel des données différentes des consciences individuelles. Arrivé à ce point d’évolution, le milieu social a constitué non seulement une synergie commune, mais aussi une sympathie commune, c’est-à-dire que les hommes ont commencé à s’observer, à se comprendre, à se contrôler, à s’aider et à s’aimer mutuellement. En même temps la vie sociale, ainsi transformée, devenait une source intarissable de luttes psychiques, c’est-à-dire de luttes entre des sentiments opposés, entre des jugements contradictoires, entre des esprits différents, car chaque individu voulait avoir raison, voulait gagner à sa cause le sens commun de ses contemporains. Et en même temps que les observations, les connaissances se multipliaient, le langage se développait, les mots, les expressions devenaient plus nombreux ; mais toujours ils