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Page:L’Anarchie passive et le comte Léon Tolstoï.djvu/153

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complissement d’un désir quelconque, les autres consument leur temps à s’observer anxieusement, à soigner sans cesse des maladies imaginaires, et tous leurs soucis se concentrent dans la recherche des moyens propres à prolonger leur misérable existence.

C’est ce qu’on observe aujourd’hui en Europe : les suicides et les différentes maladies de dégénérescence deviennent de plus en plus nombreux (l’hystérie, l’hypocondrie, la neurasthénie, etc.), et cela jusque chez les enfants en bas âge !

La même observation a été faite à l’époque de la déchéance du vieux monde païen, par exemple à Rome, au temps de la décadence, alors que le dégoût de vivre (tædium vitæ) était si grand, qu’il ne se passait guère de semaine où l’on n’apprît le suicide d’un homme riche et blasé ; en même temps, les empereurs et leurs favoris infligeaient la peine capitale, à tous les instants, dans les buts les plus personnels et les plus égoïstes. En un mot, ces deux tendances sont des symptômes de la dégénérescence humaine, laquelle se présente à nous sous deux pôles