Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 1.djvu/25

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trier le soin de choisir sa route. En haut, en bas, dans la forêt profonde et sauvage, elle tourne jusqu’à ce qu’elle arrive à une rivière.

Au bord de la rivière se trouvait Ferragus, plein de sueur et tout poudreux. Hors de la bataille, l’avait poussé un grand désir de boire et de se reposer. Puis, malgré lui, il s’était arrêté là, parce qu’avide et pressé de goûter à l’eau, il avait laissé tomber son casque dans le fleuve et n’avait pas encore pu le ravoir.

Aussi fort qu’elle pouvait, la donzelle épouvantée s’en venait criant. À cette voix le Sarrasin saute sur la rive et la regarde au visage ; et aussitôt qu’elle arrive il la reconnaît, bien que pâle et troublée de crainte, et que depuis de longs jours il n’en eût pas eu de nouvelles, pour être sans doute la belle Angélique.

Et comme il était courtois, et qu’il n’en avait peut-être pas moins le cœur allumé que les deux cousins, il lui donna toute l’aide qu’il pouvait. Aussi courageux et hardi que s’il eût eu son casque, il tira l’épée, et, menaçant, courut sur Renaud qui l’attendait sans peur. Plusieurs fois déjà, ils s’étaient non pas seulement vus, mais reconnus à l’épreuve de leurs armes.

Là, ils commencèrent une cruelle bataille, à pied comme ils étaient, avec leurs glaives nus. Non seulement les plaques et les mailles de leurs armures, mais même des enclumes n’auraient pas résisté à leurs coups. Or, pendant qu’ainsi l’un contre l’autre travaille, le palefroi poursuit son