Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/110

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ou qui le suivent, il vient en toute hâte, comme il se trouve, au-devant d’Aquilant qui avait vengé son cher Griffon ; il lui fait l’accueil le plus gracieux et le plus honorable, et l’emmène avec lui au palais, après avoir, avec son consentement, fait jeter les deux prisonniers au fond d’une tour.

Puis ils vont ensemble dans l’appartement où Griffon n’avait pas encore pu bouger de son lit, depuis qu’il avait été blessé. Celui-ci rougit en voyant son frère, car il pense bien qu’il a appris sa mésaventure. Aquilant le plaisante un peu à ce sujet, puis on s’occupe de la juste punition à infliger aux deux misérables ainsi providentiellement tombés entre les mains de leurs adversaires.

Aquilant veut, le roi veut qu’ils souffrent mille supplices. Mais Griffon, qui n’ose parler en faveur d’Origile seule, désire qu’on pardonne à l’un et à l’autre. Il expose longuement et très adroitement ses raisons, que ses deux interlocuteurs réfutent avec vivacité. Enfin on décide que Martan sera remis aux mains du bourreau qui le fouettera, sans pourtant que mort s’ensuive.

Le lendemain matin, on le charge de liens qui ne sont ni de fleurs ni de feuillage, et on le fouette par toutes les rues de la ville. Quant à Origile, on la garde prisonnière jusqu’au retour de la belle Lucine, qui se prononcera, dans sa sagesse, sur la peine légère ou rude qui doit lui être appliquée. Aquilant reste à Damas, où il attend dans les fêtes que son frère ait recouvré la santé et puisse reprendre ses armes.