Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/112

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geur dont les vêtements et la démarche semblaient indiquer un chevalier. C’était cependant une femme, mais fière et intrépide dans les batailles.

La jouvencelle se nommait Marphise. Sa valeur était telle que, l’épée en main, elle avait plus d’une fois fait couler la sueur du front du redoutable sire de Brava, et du sire de Montauban. Nuit et jour armée, elle allait çà et là, cherchant à travers les monts et les plaines des chevaliers errants à combattre, et à acquérir une gloire immortelle.

En voyant Astolphe et Sansonnet qui venaient à sa rencontre couverts de leurs armes, et qui tous deux étaient grands et vigoureux, elle comprit qu’elle avait affaire à des guerriers de mérite. Dans son désir d’éprouver leur vaillance, elle avait déjà éperonné son destrier et s’apprêtait à les défier, lorsque arrivée plus près d’eux, et les ayant regardés plus attentivement, elle reconnaît le duc paladin.

Elle se rappelle les prévenances du chevalier, pendant qu’il était avec elle au Cathay ; elle l’appelle par son nom, ôte ses gantelets, lève sa visière, et lui tend les bras en lui faisant une grande fête, bien qu’elle soit plus fière que n’importe qui. De son côté, le paladin ne fait pas à la dame un accueil moins respectueux et moins affable.

Ils se demandent mutuellement où ils vont. Astolphe répond le premier ; il lui dit qu’il s’en va à Damas, où le roi de Syrie a invité les chevaliers experts aux armes à venir montrer leur vaillance. Marphise, toujours disposée aux belles