Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/12

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rendre esclave leur patrie libre, rougissent au seul nom de Doria, et n’osent plus lever les yeux sur un visage d’homme. Je vois Charles, désireux de le récompenser plus largement, outre les honneurs qu’il lui fait partager avec ses compagnons, lui donner cette riche terre de la Pouille, où les Normands poseront la base de leur grandeur.

« Ce n’est pas seulement envers ce capitaine que le magnanime Charles se montrera généreux ; il s’acquittera envers tous ceux qu’il aura vus peu avares de leur sang pour le succès des armes impériales. Je le vois plus joyeux de pouvoir donner une ville ou toute une province à un de ses fidèles et à tous ceux qui en sont dignes, que de l’acquisition de nouveaux empires ou de nouveaux royaumes. »

Ainsi, par ses paroles, Andronique révélait au duc les victoires qu’un grand nombre d’années après, devaient donner à Charles ses grands capitaines. Pendant ce temps, la flotte s’en allait, ralentissant ou précipitant sa marche aux vents d’est, dont elle augmentait ou diminuait la force, selon qu’ils lui étaient ou non propices.

Les voyageurs, après avoir vu le vaste espace où s’étend la mer de Perse, arrivèrent en peu de jours dans le golfe auquel les anciens mages ont donné leur nom. Là, tournant vers le rivage la poupe ornée de leurs navires, ils entrèrent au port. À l’abri désormais d’Alcine et de ses entreprises, Astolphe continua sa route par terre.