Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/129

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combien il fut toujours bon pour moi, il me semble que si je donnais ma vie pour rendre à sa mémoire les derniers honneurs, je ne m’acquitterais pas de mon immense dette envers lui.

« Je veux aller le chercher par la campagne, afin qu’il ne reste pas sans sépulture, et Dieu permettra peut-être que je puisse parvenir sans être vu jusqu’au camp du roi Charles où tout se tait. Toi, reste ici, car si le ciel a résolu que je meure, tu feras connaître mon sort ; et si la fortune ne me permet point d’accomplir une si belle entreprise, que la renommée du moios rappelle que mon intention fut bonne. »

Cloridan reste stupéfait de voir tant de dévouement, tant de fidélité, tant de courage chez un enfant. Dans son amitié pour lui, il essaye de le détourner de ce projet, mais il ne peut y réussir, car on ne console point une douleur si grande. Médor est résolu à mourir ou à donner la sépulture à son maître.

Voyant que rien ne l’émeut et ne peut le faire changer de résolution, Cloridan lui répond : « Eh ! bien, j’irai aussi. Moi aussi, je veux me livrer à une si louable entreprise ; moi aussi j’aime et je souhaite trouver une mort fameuse. Quelle chose pourrait du reste me plaire désormais, si je restais sans toi, mon cher Médor ? Mourir avec toi les armes à la main, vaut beaucoup mieux que mourir ensuite de douleur si tu venais à m’être ravi. »

Ainsi résolus, ils cèdent la place à ceux qui