Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/140

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d’arrogance ne veut pas la supporter plus longtemps. Il se place à l’endroit où gît Médor, et attend la belle au passage, une flèche toute prête sur son arc.

Quand Angélique voit le jouvenceau se traîner languissant et blessé, et, quoique près de la mort, se plaindre plutôt de ce que son roi soit sans sépulture que de son propre mal, elle sent une pitié inaccoutumée pénétrer jusqu’au fond de sa poitrine, par une porte inusitée. Son cœur, jusque-là si dur, devient tendre et sensible, surtout après que Médor lui a raconté son aventure.

Rappelant à sa mémoire les secrets de la chirurgie qu’elle a apprise jadis dans l’Inde, où cette science est considérée comme si noble et si digne de grands éloges, que le père la transmet en héritage à son fils sans y presque rien changer, elle se dispose à employer le suc des herbes pour conserver le blessé à la vie.

Elle se souvient qu’en traversant une agréable prairie, elle a vu une herbe, soit dictame, soit panacée, ou toute autre plante de même vertu, qui arrête le sang, calme la douleur des blessures et prévient tout danger. Elle la trouve non loin de là, la cueille, et revient à l’endroit où elle a laissé Médor.

En s’en revenant, elle rencontre un berger qui allait à cheval à travers le bois, à la recherche d’une génisse échappée depuis deux jours du bercail et errant à l’abandon. Elle l’entraîne