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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/155

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Elle ouvre la poitrine du premier qu’elle rencontre, aussi facilement que si elle avait été nue ; elle transperce sa cuirasse, sa cotte de mailles, après avoir percé d’outre en outre son épais bouclier garni d’acier. On voit le fer sortir d’une coudée derrière les épaules, tellement le coup fut terrible. Marphise laisse en arrière cet adversaire avec la lance enfoncée dans la poitrine, et se jette à toute bride sur les autres.

Elle culbute celui qui vient le second ; elle rompt les reins au troisième d’un coup terrible, et les jette tous deux, sans vie, hors de selle, tellement le choc est rude, et l’attaque rapide. J’ai vu les bombardes ouvrir les escadrons de la même façon que Marphise fait pour cette troupe.

Sur elle plus d’une lance est rompue, mais les coups ne semblent pas plus l’ébranler que les grosses balles n’ébranlent le mur d’un jeu de paume. La trempe de son haubert est si dure, que les plus rudes chocs ne peuvent rien contre lui. Il a été forgé par enchantement aux feux de l’enfer et trempé dans les eaux de l’Averne.

Parvenue à l’extrémité de la lice, elle fait faire volte-face à son destrier, l’arrête un instant, puis le lance avec impétuosité contre les autres, les disperse, les abat, et teint son épée de sang jusqu’à la garde. Elle enlève à l’un la tête, à l’autre le bras ; elle en coupe un autre en deux, de telle sorte que le buste, avec la tête et les bras, roule à terre, tandis que le ventre et les jambes restent en selle.

Elle le coupe en deux, ai-je dit, droit entre les