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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/174

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qu’un surcroît de tourments en rendant ton agonie plus longue. » Elban répliqua : « Quand bien même j’aurais à me mesurer contre dix chevaliers armés de toutes pièces, je me sens un tel courage, que j’ai le ferme espoir de me sauver et de les tuer tous, fussent-ils armés de pied en cap. »

« Alexandra ne répondit à cela que par un profond soupir, et se retira, emportant au cœur mille aiguillons amoureux, dont les blessures étaient inguérissables. Elle s’en vint trouver sa mère, et lui signifia sa volonté de ne pas laisser mourir un chevalier qui paraissait assez fort pour donner, à lui seul, la mort à dix autres.

« La reine Orontée fit rassembler son conseil, et dit : « Il nous importe de confier la garde de notre port et de nos rivages au meilleur champion que nous puissions trouver. Pour connaître celui que nous devrons choisir, il faut que nous l’éprouvions à son arrivée, afin de ne pas, à notre grand détriment, donner le pouvoir à un lâche, et mettre un vaillant à mort.

« Je demande, si cela vous paraît bon comme à moi, qu’à l’avenir tout chevalier que la fortune aura poussé sur notre rivage, puisse, s’il le veut, au lieu d’être immolé tout d’abord, combattre contre nos dix champions. S’il est assez fort pour les vaincre tous, il aura la garde du port et de la population.

« Je parle ainsi parce que nous avons en ce moment un prisonnier qui, paraît-il, s’offre à