Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/18

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les violettes contenus dans les pans de sa robe. Mercure guetta tellement cette nymphe, qu’un jour il la saisit dans l’air avec le filet.

Il paraît que la déesse fut prise en volant près de l’endroit où le grand fleuve d’Ethiopie entre dans la mer. Le filet fut ensuite conservé pendant plusieurs siècles à Canope, dans le temple d’Anubis. Trois mille ans après, Caligorant l’enleva du lieu consacré. Le voleur impie emporta le filet, après avoir brûlé la ville et dépouillé le temple.

Il sut l’installer sur le sable de telle façon que tous ceux auxquels il faisait la chasse venaient y donner en plein. À peine l’avaient-ils touché, qu’il leur liait le cou, les pieds et les bras. Astolphe, après en avoir enlevé une chaîne, lia les mains, les bras et la poitrine du félon de façon qu’il ne pût pas se dégager, puis il le laissa se lever,

Après l’avoir serré dans de nouveaux nœuds. Le géant était devenu plus doux qu’une damoiselle. Astolphe se décide a l’emmener avec lui, et à le montrer par les villas, les cités et les châteaux. Il emporte aussi le filet dont ni lime ni marteaux ne surent jamais égaler la perfection. Il en charge son prisonnier qu’il traîne en triomphe, enchaîné après lui.

Il lui donne encore à porter son casque et son écu, comme s’il eût été son valet. Puis il poursuit sa route, et partout où il passe on est plein de joie en voyant qu’on peut désormais voyager en sûreté. Astolphe s’en va jusqu’à ce qu’il arrive près des sépulcres de Memphis, de Mcmphis