Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/17

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effet habituel ; le géant, en l’entendant, est frappé au cœur d’une terreur telle, qu’il se met à fuir.

Astolphe sonne, tout en regardant attentivement autour de lui, car il lui semble toujours que le filet s’ouvre pour le saisir. Quant au félon, il s’enfuit sans voir où il va, car il a les yeux aussi troublés que le cœur. Sa terreur est si grande, qu’il ne reconnaît plus son chemin, et trébuche dans son propre filet qui se resserre, l’enlace tout entier et le renverse à terre.

Astolphe qui voit tomber le colosse, rassuré sur son propre compte, accourt en toute hâte. Descendu de cheval, l’épée en main, il s’avance pour venger la mort de mille malheureux. Mais il lui semble que tuer un homme enchaîné lui sera reproché comme une lâcheté plutôt que compté comme un acte de courage. Il voit en effet que le géant a les bras, les pieds et le cou liés de telle sorte qu’il ne peut faire un mouvement.

Le filet avait été jadis fait par Vulcain d’un fil d’acier très subtil, mais avec un art tel qu’on aurait perdu sa peine à chercher à en dénouer la moindre partie. C’était celui qui avait lié les pieds et les mains de Vénus et de Mars. Le jaloux l’avait fait dans l’unique intention de les saisir tous les deux ensemble au lit.

Mercure le vola plus tard au forgeron, lorsqu’il voulut s’emparer de Chloris, de Chloris la belle, qui voltige par les airs derrière l’Aurore, au lever du soleil, et s’en va répandant les lis, les roses et