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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/220

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Après avoir traversé une forêt, il arrive au pied d’une colline, près d’une claire fontaine, à l’heure où le mouton reste enfermé loin du pâturage ou se réfugie sous une grotte profonde. Vaincu par la grande chaleur et par la soif, il retire son casque du front, attache son destrier au plus épais du feuillage, et s’en vient boire aux fraîches ondes.

Il n’y avait pas encore mis les lèvres, qu’un paysan, caché prés de là, s’élance d’un buisson, saisit le destrier, saute sur son dos et s’éloigne avec lui. Àstolphe entend le bruit de sa fuite et lève la tête. Voyant le vol audacieux dont il est victime, il laisse la fontaine sans plus songer à boire, et court derrière le ravisseur aussi vite qu’il peut.


Le voleur ne s’éloigne pas à toute bride, ce qui l’aurait promptement fait disparaître. Mais tantôt ralentissant, tantôt pressant sa fuite, il s’en va au galop ou au trot. Astolphe et lui sortent du bois après une longue course, et tous les deux arrivent enfin là où tant de nobles barons, sans être vraiment en prison, étaient plus retenus que s’ils avaient été réellement prisonniers.

Le paysan se réfugie dans le château, avec le destrier qui égale le vent à la course. Force est à Astolphe embarrassé par son écu, son casque et ses armes, de le suivre de loin. Cependant il arrive lui aussi au château, et là, il perd complètement les traces qu’il avait suivies jusque-là. Il ne voit plus ni Rabican, ni le voleur ; en vain il tourne les yeux de tous côtés, en vain il presse le pas.