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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/245

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Astolphe ne pouvait mieux confier Rabican qu’à la fille du duc de Dordogne, car il était certain qu’elle en aurait grand soin et qu’elle le lui rendrait aussitôt qu’il serait de retour. Il lui sembla que c’était Dieu qui la lui envoyait. Il la revoyait toujours avec plaisir, mais le besoin qu’il en avait lui fit trouver cette rencontre encore plus agréable.

Après qu’ils se furent deux ou trois fois embrassés comme deux frères, et qu’ils se furent affectueusement demandé de leurs nouvelles, Astolphe dit : « Maintenant, si je veux visiter le pays des oiseaux, il ne me faut pas tarder plus longtemps. » Et, racontant son projet à la dame, il lui fit voir le destrier ailé.

Bradamante n’éprouve pas une grande surprise en voyant ce destrier déployer ses ailes. L’enchanteur Atlante le montait lorsqu’elle combattit contre lui et qu’elle lui fit verser tant de larmes. Elle l’avait également suivi des yeux, le jour où Roger fut emporté loin d’elle par un chemin long et étrange.

Astolphe lui dit qu’il veut lui confier Rabican, plus léger à la course que la flèche échappée de l’arc ; il lui laisse également toutes ses armes, et la prie de les garder jusqu’à son retour, où il ira les lui réclamer à Montaùban, car, pour le moment, elles ne lui font nullement besoin.

Voulant s’en aller en volant par les airs, il doit en effet se faire le plus léger possible. Il garde seulement son épée et son cor, bien que le cor seul eût suffi pour le préserver de tout péril. Brada-