Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/246

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mante reçoit aussi la lance que porta jadis le fils de Galafron, et qui fait vider la selle à tous ceux qu’elle frappe.

Astolphe, monté sur le destrier volant, s’élève d’abord lentement dans les airs, puis il le chasse si fort qu’au bout d’un moment Bradamante le perd de vue. Ainsi fait au départ, sous la conduite du pilote, le nocher qui craint les écueils et le vent ; puis, quand il a laissé derrière lui le port et le rivage, il déploie toutes les voiles et devance le vent.

Après le départ du duc, la dame reste en grand travail d’esprit. Elle ne sait comment ramener à Montauban les armes et le coursier de son parent. Dans l’ardent désir qui la pousse de revoir Roger, elle se demande si elle ne doit pas d’abord aller à Vallombreuse, où elle pense le retrouver, à moins qu’elle ne le rencontre auparavant en route.

Pendant qu’elle est indécise, elle voit venir à elle un paysan. Elle lui fait placer de son mieux l’armure sur le dos de Rabican, puis elle lui confie le soin de mener derrière elle les deux chevaux, l’un chargé et l’autre la selle vide, car avant de recevoir en dépôt le cheval d’Astolphe elle en avait deux : celui sur lequel elle était montée, et celui qu’elle avait enlevé à Pinabel.

Elle se décide à aller à Vallombreuse, où elle espère trouver son cher Roger ; mais elle ne sait pas quel est le chemin le plus direct et le meilleur, et elle craint de se tromper. Le paysan ne connaissait pas beaucoup la contrée, et ne pouvait