Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/252

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pour tâcher de savoir qui avait commis le meurtre.

Il dit à Gabrine de l’attendre et qu’il reviendra bientôt la retrouver. Celle-ci s’approche du cadavre et l’examine attentivement de tous côtés, pour voir s’il n’a pas sur lui quelque objet précieux dont il serait inutile de laisser plus longtemps un mort se parer. La vieille, parmi tous ses autres vices, était aussi avare qu’une femme peut l’être.

Si elle pouvait dissimuler le vol de pareils objets, elle enlèverait bien la riche soubreveste, ainsi que les belles armes. Mais elle doit se contenter de dérober ce qui peut facilement se cacher, et elle abandonne le reste à regret. Elle choisit, parmi les autres dépouilles, une belle ceinture, et se l’attache autour de la taille, entre ses deux jupons.

Peu après arrive Zerbin. Il a en vain suivi les pas de Bradamante, car le sentier se divise en plusieurs branches qui montent ou descendent. Le jour baisse, et il ne veut pas rester au milieu de ces rochers en pleine obscurité ; suivi de la méchante vieille, il se hâte donc de s’éloigner de la funèbre vallée pour chercher un logis.

Près de deux milles plus loin, ils trouvent un grand château appelé Hauterive. Ils s’y arrêtent pour y passer la nuit, qui déjà envahissait le ciel d’un vol rapide. Ils y sont à peine installés, que de tous côtés les lamentations frappent leurs oreilles, et qu’ils voient les pleurs couler de tous les yeux, comme s’il s’agissait d’une catastrophe publique.

Zerbin en demande la cause. On lui dit qu’avis