Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/251

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payerai le prix selon sa convenance. Tu peux lui dire que je suis Rodomont, et que, s’il veut en venir aux mains avec moi, il me trouvera ; partout où je vais, partout où je demeure, l’éclat de mon nom me fait assez reconnaître.

« Partout où je vais, il reste de mon passage de telles traces, que la foudre n’en laisse pas de plus grandes après elle. » Ainsi disant, il avait saisi les rênes dorées du coursier. Il saute sur son dos, et laisse Hippalque tout en larmes et défaillante de douleur. Elle menace Rodomont et lui fait honte ; mais il ne l’écoute pas, et gravit la montagne.

Il suit le chemin par lequel le nain le conduit à la recherche de Mandricard et de Doralice. Hippalque le suit de loin, l’accablant de malédictions et de menaces. On verra plus loin ce qu’il advint de cela. Turpin, qui a écrit toute cette histoire, fait ici une digression pour retourner à l’endroit où le Mayençais avait été mis à mort.

La fille d’Aymon vient à peine de quitter ces lieux, que Zerbin y arrive par un autre sentier, accompagné de la méchante vieille. Il voit le corps d’un chevalier étendu au milieu du vallon et ne sait qui ce peut être. Mais, comme il est sensible et courtois, il est ému de pitié à ce triste spectacle.

Pinabel était étendu par terre, perdant son sang par tant de blessures qu’il n’y en aurait pas eu davantage si plus de cent épées se fussent réunies pour lui donner la mort. Le chevalier d’Ecosse s’empresse de suivre les traces toutes fraîches,