Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/254

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qui a commis le crime. Elle lui montre la belle ceinture que le père infortuné reconnaît sur-le-champ. Après ce témoignage et la déclaration de l’horrible vieille, tout lui paraît clair.

Pleurant, il lève ses mains vers le ciel, et jure que son fils ne restera pas sans vengeance. Il fait cerner l’appartement de son hôte par ses vassaux, qui sont accourus en toute hâte. Zerbin est loin de se croire entouré d’ennemis, et ne s’attend pas au traitement que lui ménage le comte Anselme, qui se croit si outragé par lui ; il est plongé dans le premier sommeil lorsqu’on le saisit.

On l’enchaîne, on le plonge dans un cachot ténébreux, et le soleil n’a pas encore reparu que son injuste supplice est déjà ordonné ; il est condamné à être écartelé dans le lieu même où a été commis le crime qu’on lui impute. On ne se préoccupe pas d’examiner plus attentivement s’il est coupable ou non ; il suffit que le châtelain le croie ainsi.

Le lendemain, dès que la belle aurore vient colorer l’horizon de couleurs blanches, rouges et jaunes, on se dispose à punir Zerbin de son prétendu crime. La populace, aveugle et sanguinaire, l’accompagne hors du château en criant : Qu’il meure ! qu’il meure ! Toute cette foule va sans ordre, les uns à pied, les autres à cheval. Quant au chevalier d’Ecosse, il s’avance la tête basse, lié sur un petit roussin.

Mais Dieu, qui, la plupart du temps, vient en aide aux innocents et n’abandonne jamais celui