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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/255

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qui se fie en sa bonté, lui a déjà trouvé un défenseur tel qu’il n’y a plus à craindre de le voir mourir en ce jour. Roland arrive, conduit sur ce chemin par la Providence, afin de sauver Zerbin. Roland aperçoit dans la plaine cette foule qui traîne à la mort le dolent chevalier.

Avec lui est la jeune fille qu’il a trouvée dans une grotte sauvage, Isabelle, la fille du roi de Galice, tombée au pouvoir des malandrins après avoir échappé à la tempête et aux fureurs de la mer qui ont brisé son navire. C’est celle que Zerbin porte dans son cœur et qui lui est plus chère que sa propre vie.

Roland l’avait emmenée avec lui en quittant la caverne. Isabelle demande à Roland quelle est cette foule qu’elle aperçoit dans la campagne. « Je ne sais pas » dit-il. Puis il la laisse sur la colline et descend rapidement dans la plaine. Il regarde Zerbin, et à première vue il le tient pour un chevalier de grande estime.

Il s’approche, il lui demande pourquoi il est enchaîné, et où on le conduit. Le dolent chevalier lève la tête, et, après avoir écouté ce que lui dit le paladin, il lui raconte la vérité ; il la lui expose avec un tel accent de sincérité que le comte le juge digne de sa protection, persuadé qu’il est innocent et qu’il n’a point mérité la mort.

Mais, quand il apprend que l’arrêt a été rendu par le comte Anselme d’Hauterive, il ne doute plus de son injustice, car ce félon n’a pas d’autres façons d’agir. En outre, il sent se réveiller l’an-