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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/265

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les collines, les fossés et les ravins, courant à l’aventure, à droite et à gauche. Mais il m’importe trop peu de vous parler de Gabrine, pour que je ne m’occupe plus de Roland, qui a bien vite réparé les dégâts faits à sa selle.

Il remonte sur son destrier, et attend un grand moment que Mandricard revienne. Ne le voyant point reparaître, il se décide à le chercher. Mais, en homme habitué aux manières courtoises, le paladin ne s’éloigne pas avant d’avoir pris congé des deux amants, et d’avoir échangé avec eux de douces et affectueuses paroles.

Zerbin s’afflige de son départ ; la tendre Isabelle verse des larmes ; tous deux veulent le suivre. Mais le comte n’y consent pas, bien que leur compagnie lui soit agréable et bonne. La raison qui le fait se séparer d’eux, c’est qu’il n’y a pas d’action plus déshonorante pour un guerrier à la recherche de son ennemi, que de prendre un compagnon qui l’aide et le défende.

Il les prie seulement de dire au Sarrasin, s’ils le rencontrent avant lui, que Roland restera encore trois jours dans les environs, et qu’ensuite.il reprendra son chemin pour rejoindre la bannière aux beaux lys d’or et regagner l’armée de Charles. Ainsi, pour peu qu’il le veuille, Mandricard saura où le trouver.

Tous deux promettent de le faire volontiers, ainsi que tout ce qu’il lui plaira de leur commander. Puis les chevaliers suivent chacun des chemins divers, Zerbin d’un côté, le comte Roland de l’autre.