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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/308

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ou de quelque autre animal féroce que ce soit, de nos pays ou d’ailleurs. La foudre seule pouvait l’égaler, ou bien le grand diable, non pas celui de l’enfer, mais celui de mon seigneur, qui va avec le feu et qui se fait faire place au ciel, à terre et sur mer.

A chacun de ses coups, un homme tombait à terre, et souvent deux à la fois. Il lui arriva même d’en tuer quatre et jusqu’à cinq d’un coup, de sorte qu’il en eut bien vite occis une centaine. Son glaive, qu’il avait tiré, taillait comme du lait l’acier le plus dur. Falérine, pour donner la mort à Roland, avait forgé la cruelle épée dans les jardins d’Orgagna.

Elle se repentit dans la suite de son œuvre, car ce fut avec cette même épée qu’elle vit détruire son jardin. Quel carnage, quelles ruines ne devait-elle pas faire maintenant entre les mains d’un tel guerrier ! Si jamais Roger déploya une force et une fureur peu communes, si jamais sa vaillance se manifesta pleinement, ce fut ce jour-là, alors qu’il croyait venir au secours de sa dame.

La foule fuyait devant lui comme le lièvre devant les chiens lancés. Ceux qui restèrent morts sur place furent nombreux. Ceux qui s’enfuirent furent plus nombreux encore. Pendant ce temps, la dame avait délié les liens qui retenaient les mains du jeune homme, et l’avait armé de son mieux, en lui mettant une épée à la main et un bouclier au cou.

Celui-ci, qui avait été si indignement traité,