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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/316

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quitté le lit, Fleur d’Épine sentit redoubler sa douleur, car Bradamante, désireuse de sortir d’un pareil embarras, parlait déjà de partir. La gente damoiselle veut qu’en partant elle accepte en don un magnifique genêt, tout harnaché d’or, et une soubreveste richement brodée de sa propre main.

« Fleur-d’Épine, après l’avoir accompagnée pendant quelque temps, rentra toute en pleurs dans son château. Ma sœur, ayant pressé le pas, arriva le même jour à Montauban. Nous tous, ses frères, ainsi que notre pauvre mère, nous l’entourâmes en lui faisant fête, car, n’ayant pas reçu depuis longtemps de ses nouvelles, nous étions fort inquiets, et nous craignions qu’elle ne fût morte.

« Nous vîmes avec étonnement, quand elle ôta son casque, que ses cheveux, qui auparavant se répandaient tout autour de sa tête, étaient coupés court. Nous admirâmes également la soubreveste de voyage dont elle était revêtue. Et elle, du commencement jusqu’à la fin, nous raconta toute l’aventure que je viens de vous dire : comment elle avait été blessée dans un bois, et comment, pour se guérir, elle avait dû laisser couper sa belle chevelure.

« Et comment ensuite, s’étant endormie sur la rive d’un ruisseau, survint une belle chasseresse, qui, trompée par sa fausse apparence, s’éprit d’elle. Elle dit comment celle-ci l’attira loin de ses compagnons ; elle ne nous cacha rien des tourments de cette damoiselle, et son récit nous remplit l’âme de pitié. Elle nous apprit enfin com-