Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/38

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aurez délivré deux princes : votre roi, dont vous êtes tenus de défendre la liberté et la vie, et un empereur des plus glorieux parmi ceux qui aient jamais tenu une cour au monde. Avec eux, vous délivrerez d’autres rois, des ducs, des marquis, des seigneurs et des chevaliers d’une foule de pays.

« De sorte qu’en sauvant une ville, vous n’aurez pas seulement pour obligés les Parisiens, qui souffrent beaucoup moins de leurs propres malheurs que de voir exposés au même danger qu’eux leurs femmes, leurs enfants, et les vierges saintes enfermées dans les couvents et qu’aujourd’hui leurs vœux ne peuvent préserver ;

« En sauvant, dis-je, cette cité, vous obligerez non seulement les Parisiens, mais tous les pays de cette région. Je ne parle pas seulement des peuples voisins, car il n’y a pas une nation dans toute la chrétienté qui n’ait dans cette ville quelques-uns de ses citoyens. De sorte que votre victoire ne vous aura pas seulement acquis la reconnaissance de la France.

« Si, dans l’antiquité, on décernait une couronne à quiconque sauvait la vie d’un citoyen, de quelle récompense ne serez-vous pas dignes, vous qui en aurez sauvé une multitude infinie ? Mais si une entreprise si sainte et si honorable venait à échouer par l’effet de l’envie ou de la lâcheté, croyez-m’en, une fois ces remparts tombés, ni l’Italie ni l’Allemagne ne seraient plus en sûreté,

« Non plus qu’aucun des lieux où l’on adore celui qui voulut mourir pour nous sur la croix. Ne