Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/45

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acquérir une facile gloire en tuant Zerbin, ils avaient fondu sur lui et avaient blessé son destrier au flanc.

Le destrier transpercé de trois coups de lance tombe mort ; mais le brave Zerbin est aussitôt sur pied et se précipite, pour venger son cheval, vers ceux qui le lui ont tué. Il rejoint tout d’abord Mosco, qui est le plus près de lui et qui croit le faire prisonnier ; il le frappe d’un coup de pointe, lui transperce le flanc, et le jette hors de selle, pâle et glacé.

Chelinde, voyant que son frère lui est ravi, accourt plein de fureur sur Zerbin, espérant le renverser sous le choc ; mais celui-ci saisit le coursier par le frein, et le renverse à terre, d’où il ne se relève pas ; il ne mangera plus désormais ni avoine ni foin. Zerbin a frappé si fort que, du même coup de taille, il a occis le cheval et le maître.

Calamidor, effrayé de ce qu’il vient de voir, tourne bride pour fuir en toute hâte ; mais Zerbin lui porte un coup par derrière, en disant : « Traître ; attends, attends ! » Le coup ne porte pas aussi loin que Zerbin l’espérait à cause de la distance. Il ne peut atteindre le cavalier, mais il frappe le destrier sur la croupe, et le jette à terre.

Son maître abandonne le cheval, et cherche à s’échapper en se traînant sur les pieds et sur les mains ; mais cela lui réussit peu. Le duc de Trason passe par hasard sur lui et l’écrase sous le poids.