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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/57

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Mais pour Dieu, Seigneur, suspendons le récit de ces colères et laissons ces chants de mort. C’est assez parlé, pour le moment, du Sarrasin non moins cruel que redoutable. Il est temps de revenir à Griffon, que j’ai laissé arrivant aux portes de Damas avec la perfide Origile et celui qui, loin d’être son frère, s’était rendu complice de son adultère.

Parmi les plus riches cités du Levant, les plus populeuses et les mieux bâties, on cite Damas, qui s’élève à sept journées de Jérusalem, au sein d’une plaine fertile, abondante, et non moins agréable l’hiver que l’été. Une montagne voisine lui dérobe les premiers rayons de l’aurore naissante.

Deux fleuves aux eaux de cristal traversent la ville, arrosant de leurs canaux multipliés un nombre infini de jardins toujours pleins de fleurs et de verdure. On prétend aussi que les eaux de senteur y sont assez abondantes pour faire tourner des moulins, et que celui qui se promène dans les rues sent l’odeur des parfums s’échapper de toutes les maisons.

La rue principale est entièrement recouverte de tapis aux couleurs variées et éclatantes ; le pavé est jonché d’herbes odoriférantes, et les murs des maisons disparaissent sous un vert feuillage. Chaque porte, chaque fenêtre est ornée de fines draperies, mais plus encore de belles dames aux robes somptueuses et chargées de pierreries.

Dans l’intérieur des portes, le peuple se livre en